Dans les gorges de l’Ain, samedi 17 décembre, 15 h 30, abrités sous des auvents de fortune, nous nous lamentons. Il neige, les lunettes grossissent les flocons qui tombent et s’accrochent tout doucement aux capots des automobiles. Et si le sol devient blanc, pourrons-nous remonter la route ?
La falaise, objet de tous nos regards, domine l’Ain qui serpente à ses pieds. Le blanc commence à remplacer le vert. Nous patientons mais le désespoir nous envahit. Tant de kilomètres pour rien. Faudra-t-il se résoudre à lever le camp sans le voir ni l’entendre ?
Espoir, désespoir se mêlent aux grés de la météorologie fluctuante, éclaircies, flocons, brouillard.
16 h 00, le ciel se dégage, du bleu apparaît, la falaise se découpe et soudain « je l’ai ». Là, dans la lunette de Pierre, à la base d’une anfractuosité, se faisant les plumes, l’objet de notre déplacement, un grand-duc, ses grandes aigrettes bien visibles. Nous l’admirons de longues minutes.
Et si la falaise qui lui fait face abritait des chamois. Bingo, un, deux, trois chamois, corps très sombres, têtes claires faisant un net contraste.
Et si sur la troisième falaise se déplaçait un tichodrome. Là il faut écarquiller les yeux, cet oiseau n’est visible que lorsqu’il déploie ses ailes. Encore une bonne pioche. L’après-midi qui s’annonçait désastreux vire au top.
Peut-elle encore s’améliorer, mais oui, un second grand-duc vient d’être découvert, plus haut sur un petit rebord rocheux. Mâle et femelle ? Vont-ils chanter ?
Presque 17 h 00, à la tombée de la nuit, quelques cris d’alarme puis un chant grave entonné par notre grand-duc n°2. Le n°1 tourne la tête dans sa direction puis s’exprime à son tour, un chant avec une tonalité plus aigue, une femelle. Donc je récapitule, n°1 est une femelle et n°2 un mâle, peut-être un couple et plus tard un bébé.
La nuit est tombée, une bécasse des bois nous survole, il est temps de rentrer. Une dernière papillote, un morceau de gâteau au chocolat pour la route et nous quittons ce lieu magique.
Brigitte
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