STATUT GÉNÉRAL

Migrateur régulier aux deux passages. Reproduction assez probablement régulière bien qu’en petits nombres en Dombes, occasionnelle ailleurs (Val de Saône, Bresse, basse vallée de l’ Ain). Données hivernales exceptionnelles.

CYCLE ANNUEL

Dès  mi-juillet, l’augmentation des observations marque le début de la migration postnuptiale. C’est en août que des troupes dépassant parfois la centaine d’oiseaux peuvent être observées, avec des maximums de 230 oiseaux à Birieux le 24 août 1996 et 340 à Lapeyrouse le 13 août 1998. Ceci rend d’autant plus surprenante l’irruption d’environ 10 000 individus en Dombes à la mi-août 1983. Le passage s’effondre début septembre et ne laisse plus que d’assez rares oiseaux après la fin de ce mois. Quelques oiseaux plus tardifs sont occasionnellement observés jusqu’à fin novembre, voire début décembre : un mâle le 23 et une femelle le 29 novembre 1997 à Versailleux, un oiseau le 28 novembre 1968 en Dombes, un mâle le 7 décembre 2002 à Versailleux. Des oiseaux ont même été vus en janvier : une femelle le 1^er janvier 2003 à Serrières-de-Briord, une femelle adulte le 4 janvier 2003 à Versailleux, des individus isolés les 9 janvier 1970 et 1971 à Villars-les-Dombes.

Observations des sarcelles d'été en période de migration post-nuptiale

Au printemps, les premiers oiseaux sont observés à la date moyenne du 25 février (n = 53 années, entre 1961 et 2014) et les mentions les plus précoces  ont été effectuées le 29 janvier 2010 à Villars-les-Dombes, le 8 février 1996 au Plantay, le 12 février 1990 à Lapeyrouse, le 13 février 1985 à Tramoyes, etc. Le passage prénuptial culmine durant tout le mois de mars et la première décade d’avril. Il décline ensuite jusqu’à la mi-mai. A cette saison, chaque observation se rapporte à de tout petits effectifs, très souvent moins de dix oiseaux ensemble, et les groupes ne rassemblent au mieux que quelques dizaines d’oiseaux avec des valeurs maximales de 70 individus à l’Etournel (01-74) le 21 mars 1979 et 73 à Murs-et-Gelignieux le 25 février 1991.

Observations des sarcelles d'été en période de migration pré-nuptiale

En juin et jusqu’à la deuxième décade de juillet, les observations concernent les oiseaux estivant (jusqu’à une quarantaine d’oiseaux, souvent beaucoup moins) ou les rares nicheurs locaux. La nidification semble essentiellement concentrée sur les mois de mai et juin mais la plupart des observations récentes paraissent indiquer des dates plus tardives. Onze poussins au confluent Ain-Rhône le 6 mai 1972 indiquent une ponte dès la mi-avril. A l’opposé, les jeunes de deux familles dombistes ne volaient  pas encore le 29 juillet 1990, onze poussins le 20 juillet 2006 au Plantay n’avaient que 15 jours, sept poussins à Dompierre-sur-Veyle et neuf autres à Marlieux le 31 juillet 2003 n’étaient âgés que de 3 semaines et un poussin  le 10 août 2002 à Saint-Paul-de-Varax n’avait que 15 jours.

Reproduction des sarcelles d'été dans l'Ain

Cinq oiseaux d’une même famille dombiste ont fourni trois reprises locales, une en Espagne et une au Mali. Des sarcelles d’été marquées en période de reproduction en Angleterre et en migration aux Pays- Bas, en Allemagne et en Suisse ont été tuées à la chasse dans l’Ain.

REPARTITION

Ailleurs qu’en Dombes, des mentions sont effectuées assez régulièrement çà et là, principalement dans la basse vallée de l’Ain, le secteur de l’Etournel et les zones humides du Pays de Gex alors que le Val de Saône et la Bresse semblent peu attractifs. Aucune mention n’est connue sur le relief.

Ailleurs qu’en Dombes encore, les cas de reproduction demeurent exceptionnels. Dans la basse vallée de l’Ain, seule est connue une reproduction au confluent Ain-Rhône en 1972. Dans le Val de Saône, elle a été observée en 1980 à Manziat et en 1984 à Arbigny. Enfin, en Bresse, la reproduction a été notée à Vescours en 1991, à Lescheroux en 1992, 1995 et est vraisemblable en 1997. Toutes ces mentions concernent des familles isolées.

HISTORIQUE

Au début du 20^ème siècle, l’espèce nichait communément en Dombes (BERNARD, 1909). MAYAUD (1938) utilise exactement les mêmes termes en 1938. Dans les années 1940-1950, ses effectifs étaient probablement importants puisque MEYLAN (1938) et VAUCHER (1954) citent un ou deux couples sur une partie des étangs dombistes. En 1964, LEBRETON parle d’au-moins 100 couples nicheurs et l’atlas des oiseaux nicheurs rhônalpins (CORA, 1977) propose même 200 couples pour les années 1973 et 1974. A la fin de cette décennie, l’estimation est affinée et se situe à 150 couples. La situation s’est très vite dégradée par la suite puisqu’on ne parle plus que de 70 couples au maximum pour les années 1980. Durant les quinze dernières années du 20^ème siècle, des preuves de reproduction n’ont été apportées que huit années, à raison d’une à trois familles par an. La situation est analogue au début du 21^ème siècle avec seulement quatorze cas constatés : trois en 2001, deux en 2002 et en 2003, un en 2005, deux en 2006 et en 2007, un en 2008 et 2011. La grande discrétion de l’espèce en période de nidification nous incite toutefois à penser que la reproduction demeure régulière en Dombes mais n’y concerne que quelques couples tous les ans.

Les raisons de cet effondrement qui est perceptible presque partout en France sont mal connues. Pêle-mêle, ont été évoqués l’évolution de la gestion agricole des zones humides, la diminution des migrateurs printaniers à la suite de la sécheresse ayant touché les sites d’hivernage africains dans les années 1970-1980 (DUBOIS et al.. 2008), parfois aussi un décalage vers l’Est des itinéraires de migration

BIBLIOGRAPHIE

BERNARD (H.) 1909. Catalogue des oiseaux vus dans l’Ain. Bull. Soc. Sci. Nat. Arch. Ain  54-55. 37 p.

CORA 1977. Les oiseaux nicheurs rhônalpins. CRDP Lyon Edit. 351 p.

DUBOIS (Ph. J.), Le MARECHAL (P.), OLIOSO (G.) & YESOU (P.) 2008. Nouvel inventaire des oiseaux de France. Delachaux et Niestlé Edit. 560 p

LEBRETON (Ph.) 1964. Introduction écologique à l’étude de l’avifaune de la Dombes. Terreet Vie, 111 : 20-53.

MAYAUD (N.)1938. Commentaires sur l’ornithologie française. Alauda, 10 : 188-350.

MEYLAN (O.) 1938. Premiers résultats de l’exploration ornithologique de la Dombes. Alauda, 10 : 3-61.

VAUCHER (C.) 1954. Contribution à l’ornithologie de la Dombes. Alauda, 22 : 81-114, 256-271.