Photo Marc CROUZIER
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Lapin de garenne
Oryctolagus cuniculus
Auteur de la fiche : Alain BERNARD
Dernière mise à jour : décembre 2013
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CYCLE ANNUEL
Nous savons peu de choses sur le cycle annuel du Lapin de garenne dans l’Ain. Le printemps et l’été sont les mois les plus propices aux naissances. Les foyers de myxomatose apparaissent souvent en fin d’été (août-septembre) et réduisent alors fortement les populations.
Des morphes très clairs ou, plus nombreux, très sombres ne sont pas dus à des croisements avec des lapins domestiques mais sont une variation naturelle du pelage de l’espèce.
REPARTITION
Dans la partie ouest du département, le Lapin est bien répandu dans une grande partie de la Dombes, de la Plaine de l’Ain, dans les fonds de vallée du Revermont. Par contre, l’espèce est rare ou absente dans le Val de Saône et en Bresse. Cette rareté dans le Val de Saône semble liée aux inondations régulières qui empêchent l’établissement des terriers, peut-être aussi à des destructions volontaires dans cette zone où la culture maraîchère est importante. Globalement, la présence du Lapin est corrélée à des zones semi-ouvertes de prairies ou de bocage présentant çà et là un sol meuble pour le creusement des terriers.
Dans l’est du département, l’espèce est rare partout avec toutefois semble-t-il un noyau de populations dans la région de Culoz. Elle semble absente du Pays de Gex. En altitude, elle se raréfie considérablement au-delà de 500 m et devient presque exceptionnelle à partir de 700 m. Les records actuels d’altitude sont de 837 m à Brénod et de 851 m à Thézillieu.
HISTORIQUE
Le Lapin est originaire de la Péninsule ibérique et l’ancienneté de sa présence dans nos contrées est inconnue. Ce mammifère était très répandu aux basses altitudes jusqu’après la seconde guerre mondiale. L’espèce faisait alors localement le désespoir des paysans qui voyaient leurs cultures régulièrement dévaster par de très nombreux lapins mais le bonheur des chasseurs et des prédateurs qui trouvaient un gibier abondant. L’impact écologique de l’espèce pouvait être très fort. Les "Brotteaux" de l’Ain sont longtemps restés très ouverts parce que les lapins rongeaient l’hiver l’écorce des jeunes pousses. La surreprésentation des tilleuls (Tilia sp.) dans la basse vallée de l’Ain est ainsi due à la faible appétence de ces essences pour le Lapin.
L’introduction en France du virus de la myxomatose en 1952 a sonné le glas de cette abondance. En 1953, tout le pays était touché. Comme partout, les populations de lapins du département ont été décimées, mais une partie des animaux a survécu et des noyaux encore florissants existaient çà et là jusque dans les années 1980. Ensuite, la raréfaction des habitats favorables due aux remembrements et à l’extension de la maïsiculture, combinée à l’apparition d’une maladie hémorragique virale (VHD = Viral Haemorrhagic Disease) ont eu souvent raison de ces peuplements. Aujourd’hui, subsistent des populations généralement faibles et isolées les unes des autres, ce qui pose un problème quant à leur avenir : pourront-elles s’échanger des individus, gage d’un brassage génétique indispensable ?
Cette raréfaction du Lapin a eu aussi des conséquences importantes sur la faune. Nous ignorons comment les prédateurs ont pu s’adapter à la disparition de cette manne. Nous savons par contre comment les chasseurs y ont réagi.
Un certain nombre a raccroché leur fusil au ratelier. Beaucoup d’autres se sont alors tournés vers des espèces moins bien représentées et moins prolifiques : Perdrix grise (Perdix perdix), Faisan de Colchide (Phasianus colchicus). Cette pression de chasse supplémentaire n’a fait qu’accroître leur déclin, déjà bien engagé. C’est maintenant au tour d’espèces partiellement migratrices, les Anatidés ou la Bécasse (Scolopax rusticola) par exemple, de subir cette pression…. avec les résultats qu’on connaît pour les Anatidés dombistes.