STATUT GÉNÉRAL

Migrateur régulier aux deux passages. Nicheur sporadique en Bresse, Dombes, Plaine de l’Ain, dans le Val de Saône et le Pays de Gex, très ponctuellement ailleurs aux basses altitudes.

CYCLE ANNUEL

Au printemps, les premiers oiseaux sont observés à la date moyenne du 11 mars (n = 39 années, entre 1969 et 2013) mais le 8 mars seulement sur la période 2001-2013.

Nous possédons de nombreuses dates de la première décade de ce mois et même trois dates de février : le 22 en 1992, le 28 en 1997 à Viriat et en 1998 à Saint-Paul-de-Varax. La migration augmente rapidement ensuite, pour culminer durant tout le mois d’avril et la première décade de mai. A cette saison, les groupes n’atteignent qu’exceptionnellement la vingtaine d’individus (le 5 avril 1989 à Birieux), rendant surprenantes les mentions de 36 oiseaux le 31 mars 2008 à Pérouges et, surtout, 74 le 7 avril 1979 à Birieux. Passé la mi-mai, le passage décroît très vite pour s’achever dans les derniers jours du mois.

Observations de Petit Gravelot en période pré-nuptiale

Le calendrier de reproduction est assez bien connu dans l’Ain. Des parades nuptiales ont été notées entre un 14 mars (1999 à Viriat) et un 16 juillet (en 1995 à Saint-Rémy). Les "chants" s’étalent sur une période encore plus longue puisqu’ils ont été entendus entre un 9 mars (1992 à Viriat) et un 6 août (en 1995 à Saint-Nizier-le-Désert). Les premières pontes ont été observées le 20 avril 2013 à Miribel, le 25 avril (1993 à Replonges, 2000 à Pérouges, 2002 à Dompierre-sur-Veyle), le 29 avril (1993 à Dompierre-sur-Veyle), etc. Deux poussins de quelques jours ont été observés le 13 mai 2009 à Crozet. A l’opposé, un juvénile ne volait pas encore le 28 juillet 1998 à Birieux comme deux autres le 2 août 1987 à Pérouges. Des poussins encore plus tardifs ont même été signalés au Plantay : deux âgés d’environ 5 jours le 9 août 1995, deux non volant le 11 août 2005 et un de 10-15 jours le 17 août 1991.

Reproduction du Petit Gravelot

Dès la mi-juin, des mouvements d’erratisme local peuvent être discernés et se fondent imperceptiblement avec la véritable migration. Celle-ci est déjà très nette durant la première décade de juillet et culmine en août. Les effectifs sont nettement plus étoffés qu’au printemps et les groupes supérieurs à 20 oiseaux sont alors fréquents. Les maximums notés ont été de 39 individus le 5 août 1984 et le 15 août 1989 à Birieux, le 17 août 1995 au Plantay, 46 le 19 août 2004 au Plantay et de 65 le 12 août 1978 à Birieux. En septembre, le passage s’étiole fortement mais les citations demeurent régulières jusque début octobre. Les groupes deviennent alors moins fréquents mais il y en avait encore 24 le 17 et 15 le 23 en 1982 à Marlieux. Les dates de novembre sont exceptionnelles : trois le 2 novembre 1973 à Versailleux, un le 4 novembre 2009 à Villars-les-Dombes, un le 5 novembre 1983 à Marlieux.

Observations de Petit Gravelot en période post-nuptiale

REPARTITION

Les nicheurs (vingt à quarante couples peut-être) sont disséminés sur les sites favorables à basse altitude. En Dombes, les oiseaux se reproduisent le plus souvent dans les biefs ou les cultures d’assec des étangs, les tentatives de nidification dans d’autres sites étant souvent vouées à l’échec. En Bresse, dans le Val de Saône, la Plaine de l’Ain et le Pays de Gex, les couples nichent essentiellement dans des gravières, des friches temporaires, aires de stockage,  sur des terrains d’aviation ou des camps militaires. Le long du Rhône, ce sont les digues pâturées qui hébergent ces oiseaux. Sur le relief, un migrateur a été vu à Samognat (385 m) le 30 mars 1996 et des oiseaux cantonnés (jusqu’à deux couples en 1988) ont été observés en 1986, 1988, 1991 à Izernore (450 m) où la reproduction de deux couples a été observée en 2004.

HISTORIQUE

Ni CÔTE (1907) ni BERNARD (1909) ne citent l’espèce comme nidificatrice dans l’Ain ! Autrefois bien répandus sur les bancs de galets de la basse vallée de l’Ain, les petits gravelots ne s’y reproduisent plus (ou seulement exceptionnellement) en raison des marnages réguliers dus aux lâchers des barrages et d’une pression touristique trop forte. Heureusement, les oiseaux ont partiellement trouvé des milieux de substitution dans les exploitations de granulats qui voient maintenant se reproduire l'essentiel de la population départementale.

Dans le Pays de Gex, ces milieux ont permis la reproduction de l’espèce au milieu des années 1960 (GÉROUDET, 1966). Après une disparition locale postérieure à 1972, des nicheurs se sont réimplantés à la fin des années 1980 et la reproduction y est presque régulière à raison de quelques couples annuels répartis sur trois à cinq sites.

En Dombes, des tentatives de nidification ont été notées à Certines en 1986 et 1987. La première reproduction certaine dans cette région a été observée en 1990 et l’espèce y niche régulièrement depuis à raison de un à cinq (plus ?) couples par an. Dans le Val de Saône, les premiers cas ont été notés à la fin des années 1980 et y restent irréguliers depuis.

BIBLIOGRAPHIE

BERNARD (H.) 1909. Catalogue des oiseaux vus dans l’Ain. Bull. Soc. Sci. Nat. Arch. Ain  54-55. 37 p.

CÔTE (C.) 1907. Catalogue des oiseaux du département de l’Ain. Ann. Soc. Linn. Lyon 53 : 79-86 ; Bull. Soc. Nat. Ain 20 : 49-56.

GÉROUDET (P.) 1966. Nidification du Petit Gravelot dans des biotopes artificiels du Pays de Genève. Nos Oiseaux, 28 : 318 – 319.